POUVOIR D’ACHAT OU POUVOIR DU DON ?
La notion de ‘pouvoir d’achat’ est très souvent mentionnée dans notre société, que ce soit par les politiques, les médias, ou les particuliers. Encore récemment, dans la campagne présidentielle en France, il en a souvent été question, par les divers candidats en lice, car c’est une question qui semble préoccuper beaucoup de nos contemporains.
Comme l’écrivait le journal ‘Le Monde’ du 17 avril dernier, ‘la comptabilité nationale et l’Insee donnent une définition très précise du pouvoir d’achat : il s’agit de l’évolution du revenu disponible brut (RDB) des ménages, corrigé du prix de la dépense des ménages’. Le pouvoir d’achat représente donc ce que chacun-e a de disponible pour acheter, après avoir fait la soustraction des dépenses (impôts, cotisations sociales) à tout ce que nous recevons (salaire, prestations sociales, etc…). Donc le pouvoir d’achat dépend en premier lieu du salaire, mais aussi du lieu de vie, car les prix des loyers varient beaucoup selon les villes et régions. Et si l’inflation progresse plus rapidement que les salaires, le pouvoir d’achat est ainsi érodé.
Mais, quand on y réfléchit bien, n’est-ce pas un peu choquant de parler de ‘pouvoir’, en ce qui concerne les possibilités d’acheter, donc de consommer ? Certes, il est bon d’être capable d’acheter des produits dont on a besoin, ceux essentiels à la vie quotidienne (nourriture, vêtements, hygiène, logement, transports, etc…), mais est-ce vraiment un ‘pouvoir’ ? Je parlerais donc plutôt de ‘possibilité d’achat’, que de ‘pouvoir d’achat’ !
En tant que chrétiens, nous sommes invités à aller au-delà de l’achat, puisque nous sommes invités au don. Oui, donner est une possibilité faite dans la Parole de Dieu, c’est un privilège qui incombe aux humains, et j’irais même jusqu’à dire que c’est un ‘pouvoir’.
Pouvoir donner, être capable de le faire, n’est-ce pas quelque chose de beau, de merveilleux, et donc un réel privilège ? Il y a un verset biblique très parlant à ce propos (c’est l’apôtre Paul qui parle aux anciens de l’église de la ville d’Ephèse) : ‘En tout, je vous ai montré qu’il faut travailler ainsi pour soutenir les faibles et se rappeler les paroles du Seigneur Jésus, puisqu’il a lui-même dit : « Il y a plus de bonheur à donner qu’à recevoir »’. Ainsi, Paul encourage à travailler, dans le but de pouvoir soutenir les faibles, donc de donner. ‘Travailler plus pour gagner plus’, tel était un slogan d’un ancien président de la République. Je rajouterais : ‘Travailler plus pour gagner plus, pour être capable de donner plus’. Certes, on peut discuter sur la notion de ‘travailler plus’, mais ce qui est à souligner ici, c’est la notion du don, du privilège qui nous est donné d’être capable de donner, et le bonheur qu’il y a de pouvoir faire plaisir à quelqu’un, de pouvoir lui donner quelque chose, que ce soit un bien ou de l’argent, mais aussi du temps, de ses compétences, de son énergie, de son amour. On est heureux quand on peut donner, donc je parlerais du ‘pouvoir du don’, bien plus que du ‘pouvoir d’achat’ !
Et voici un passage du NT qui résume bien tout ceci, en lien aussi avec le don de Dieu en Jésus-Christ : ‘Voici comment nous avons connu l’amour : Christ a donné sa vie pour nous ; nous aussi, nous devons donner notre vie pour les frères et sœurs. Si quelqu’un qui possède les biens de ce monde voit son frère dans le besoin et lui ferme son cœur, comment l’amour de Dieu peut-il demeurer en lui ? Petits enfants, n’aimons pas en paroles et avec la langue, mais en actes et avec vérité’ (I Jean 3, v.16-18).
Christophe Hahling