Rétrospective de ces trois derniers mois

Rétrospective de ces trois derniers mois

Nous venons de traverser une période de plus de trois mois inédite pour nous tous, due à la pandémie de Covid-19/Coronavirus qui a frappé le monde entier. Qui aurait pu penser qu’un virus puisse ébranler à ce point notre vie d’êtres humains ?

En ce qui concerne notre église locale (et je me cantonnerai à cela, car, par ailleurs, beaucoup d’autres choses ont été dites et écrites sur la situation d’autres églises, de notre société, de notre monde), le frère Séverin et la sœur Joséphine ont été hospitalisés en réanimation et mis sous coma artificiel, et ce pour plusieurs semaines. Si notre frère a pu sortir de l’hôpital, tout en continuant la rééducation, notre sœur était toujours en soins intensifs au moment où j’écris ces lignes ; prions pour elle, car le retour à la normale est très difficile et prendra plusieurs mois.
Plusieurs autres frères et sœurs de notre église ont été atteints par le virus, avec les symptômes douloureux qui en découlent, mais ont pu rester chez eux, parfois même mis en quarantaine au sein de leur propre famille.
Quelques autres ont eu d’autres souffrances à affronter : deuil dû à la perte d’un être cher (mort du covid ou non), inquiétude, crises d’angoisse, promiscuité dans un tout petit logement, solitude, ennui, perte de repères, sentiment d’être déconnecté du monde sans internet, non renouvellement de formation ou de stage, perte d’emploi, baisse voire suppression des revenus, décrochage scolaire, surcharge énorme de travail due aux multiples tâches à effectuer, stress, peur d’être contaminé(e) car non protégé(e), impossibilité d’aller voir ses proches, qui sont parfois déjà en souffrance, etc…

Dès le 13 mars, nous n’avons plus pu nous réunir physiquement à l’église, puis, dès le 17 mars, nous étions toutes et tous confinés chez nous, et ce jusqu’au 11 mai dernier, avec – durant ces deux mois – autorisation de sorties très limitées pour faire ses courses, se dégourdir les jambes, ou pour un rdv médical, même si certains ont continué à travailler.
Le 15 mars était le seul dimanche où nous n’avons pas pu avoir de culte (et donc pas non plus notre assemblée générale annuelle), car nous avons ensuite mis en place :

  •  tous les mercredi, par e-mailing, un envoi de ‘partage hebdomadaire’ (il y en a eu 15 en tout, jusqu’à fin juin), avec annonces d’événements, petite méditation biblique, leçon pour les enfants, fable pour enfants et adultes, infos diverses, sujets de prière, témoignages, etc… ;
  •  tous les samedi, un envoi pour le culte du lendemain, d’abord par écrit et en audio, puis dès avril tout en vidéo (première partie du culte, prédication, parfois sainte Cène), avec donc possibilité de participer au culte à l’heure qui nous convient, seul ou en famille, mais en communion les uns avec les autres.
    Un merci appuyé est à donner à notre frère Larbi, webmaster, qui a patiemment, 2x/semaine, mis techniquement tous ces précieux envois en place, avec une qualité et un dévouement remarquables ; et merci à chacun(e) qui a pu, d’une manière ou d’une autre, apporter sa pierre à l’édifice qu’est l’église, par son temps, ses compétences, sa disponibilité ;
  •  des réunions (prière, étude biblique, enseignement des enfants, groupes de maison, groupes de collégiens et de jeunes, conseil) par les moyens informatiques de vidéo conférences (jit.si, zoom, skype) ou whats’app, qui ont permis pour certains de se voir ou de s’entendre plus personnellement (même si parfois la connexion était difficile voire impossible, et donc la frustration palpable…) ;
  •  de multiples contacts par téléphone, textos, e-mails, etc…, et ce entre les frères et sœurs de notre église. Je crois pouvoir dire que personne, parmi les 150 foyers (personnes seules, en couple, ou familles) de notre église n’a été oublié.

Que retenir de cela, humainement, communautairement, et spirituellement parlant ?
Ce Covid était-il un avertissement que le Seigneur, dans sa souveraineté, a adressé aux humains sur leurs comportements égoïstes et leur vie insouciante sans Lui ? Nous pourrions le considérer comme tel. ‘Au jour du bonheur, sois heureux ; et au jour du malheur, réfléchis, car Dieu a fait l’un et l’autre, si bien que l’homme ne peut rien découvrir de ce qui doit lui arriver’, écrit d’une manière très perspicace le sage dans l’Ecclésiaste (7 :14). Alors … réfléchissons … et agissons aussi en conséquence.
Peut-il y avoir aussi du positif, dans tout cela ? Sans minimiser les difficultés et les souffrances profondes de beaucoup, évoquées ci-dessus entre autres, j’oserais dire oui.
En effet, ces temps de retraite forcée et de silence ont été pour plusieurs l’occasion de se rapprocher de Dieu, de prendre davantage de temps avec Lui, de resserrer les liens familiaux, de faire un culte de famille, de méditer, de lire, de réfléchir, de faire des choses qui étaient en suspens (jardin, rangement, bricolage), de se poser.
Et ces temps ont été, non seulement pour les chrétiens de notre église, mais aussi pour un grand nombre de nos contemporains, l’occasion d’un formidable élan d’altruisme, de générosité, de solidarité : envers le personnel soignant, envers les personnes dites ‘en première ligne’, envers les personnes seules, envers les personnes vulnérables et fragiles, mais aussi envers les personnes en situation de grande détresse économique et sociale, qui subissent de plein fouet les effet de cette crise. Plusieurs sœurs ont aussi confectionné des masques pour leurs communes respectives, pour leurs proches, pour leurs connaissances, pour l’église aussi (nous en aurons besoin pour nos réunions).
Notons aussi, à titre collectif, que notre association sociale ‘Solidarité et Partage’ a pu proposer à plusieurs reprises ses services d’aide envers une association solidaire (Secours Populaire) et vis-à-vis de la commune de St Jean de la Ruelle, par l’achat et la distribution de produits de première nécessité pour les personnes démunies.

Perspectives pour les prochaines semaines
Les choses rentrent lentement et progressivement à la normale, depuis quelques jours, et nous allons donc, durant tout l’été, avoir un culte à 10h30, avec 45 personnes présentes physiquement dans notre salle de culte, et retransmission en direct et en vidéo sur internet (youtube), pour permettre à tout le monde de continuer à célébrer notre Seigneur, grandir dans sa connaissance, et bénéficier de la communion fraternelle qui nous a tant manquée ces dernières semaines. Comme réunion en semaine, seule la réunion de prière du dernier vendredi du mois sera maintenue. Merci aussi aux personnes qui s’occupent du bon fonctionnement de l’accueil sanitaire dans nos locaux.
Et nous verrons fin août comment nous pourrons continuer notre vie d’église à partir de la rentrée de septembre, en fonction de la situation sanitaire et des préconisations gouvernementales. Nous espérons (et prions) que tout rentrera bientôt dans l’ordre.

Et maintenant ? Garder les yeux fixés sur Jésus
Beaucoup disent – et il le faut – que le ‘monde d’après’, comme on l’appelle, sera – et doit être – différent du ‘monde d’avant’. Les êtres humains auront-ils appris leur leçon ? Les chrétiens auront-ils aussi appris quelque chose, de tout cela ? Je l’espère et le souhaite.
Du point de vue humain, puisse cette crise permettre un sursaut de solidarité, de fraternité, d’entraide (au près comme au loin), mais aussi de remise à plat des vraies valeurs de la vie, de retour aux choses simples, de sobriété dans sa consommation, ses intérêts, ses loisirs, de revalorisation des ‘circuits courts’ du point de vue du commerce, de révision de ses priorités, et aussi de respect et de valorisation de la nature et de son environnement, oui de véritable ‘conversion sociale et écologique’.
Et – pour les chrétiens que nous sommes -, puissions-nous non seulement promouvoir tout ce qui est écrit ci-dessus (car allant dans la droite ligne de l’Evangile), mais également vivre de l’espérance dans le Dieu vivant et vrai qui s’est incarné en Jésus-Christ notre Seigneur, la partager et la proclamer, et ne pas sombrer dans la sinistrose ou le pessimisme promulgués entre autres par les collapsologues ou autre défaitistes actuels.
Pour cela, et comme mot d’ordre et bonne disposition pleinement réaliste et positive, ‘courons résolument la course qui nous est proposée. Gardons les yeux fixés sur Jésus, celui par qui notre foi a commencé et qui la mène à la perfection’ (Hébreux 12 :1c-2a).
Je terminerai cette longue réflexion par les paroles du cantique, connu et fréquemment interprété, et qui expriment bien quel est notre message au monde (Jem 903) :
‘Jésus, espoir des nations, Jésus, soutien de ceux qui pleurent, tu es la source de tout espoir sur terre. Jésus, lumière dans la nuit, Jésus, vérité en tout temps, tu es la source de la lumière sur terre. Tu es venu vivre et mourir, briser les liens, ressusciter. Tu es l’espoir qui vit en nous, tu es le roc solide et sûr, tu es lumière ; par ton éclat, le monde voit. Ressuscité, tu es vainqueur. Prince de paix plein de douceur, tu es l’espoir vivant pour celui qui te reçoit. Oui, nous croyons.’

Christophe Hahling, pasteur

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